Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait fait des annonces remarquées pour défendre les droits des femmes et l’égalité femme-homme. Depuis, sa décision de faire entrer Simone Veil au Panthéon dissimule mal ses nombreux renoncements. Par ALICE RENAULT
En candidat moderne, Emmanuel Macron ne pouvait pas ne pas s’engager pour l’égalité femme-homme. Mais une fois au pouvoir, la modernité s’est rapidement estompée. En trois mois de mandat, il n’a pas passé sous silence les questions féministes, mais ses mesures ont été bien moindres que ce qui pouvait être attendu.
Il a bien sûr nommé Marlène Schiappa, une femme engagée sur la question de l’égalité femme-homme, notamment dans le domaine du travail, au poste de secrétaire d’État à l’égalité femme-homme. Mais durant la campagne, il s’était pourtant engagé a consacrer un ministère plein et entier à cette question.
Comme si cela ne suffisait pas, ce secrétariat d’État vient de subir fortement les coupes budgétaires qui viennent d’être annoncées cet été. Il est en pourcentage le budget qui subit la plus grande baisse (27 %) par rapport à son budget initial. En 2016, le budget du ministère des droits des femmes ne représentait que 0,0066 % du budget de la France. Difficile de mener une politique volontarisme pour combattre le sexisme, les inégalités femme-homme, les stéréotypes de genre, sans des moyens importants.
Il s’était dit favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, mais qu’il attendait d’avoir l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Celui-ci a rendu un avis favorable en juin dernier : aujourd’hui, plus rien ne devrait s’opposer à ce que la loi évolue sur le sujet. Pour autant, la ministre de la Santé a annoncé que cette question ne serait pas tranchée avant la prochaine loi Bioéthique, en 2018…
Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes. | DR
Il est indéniable que la « République en Marche » a permis que plus de femmes entrent à l’Assemblée nationale. « LReM » a présenté 50 % de candidates et ne leur a pas réservé les circonscriptions ingagnables, comme le font trop souvent les partis traditionnels. Mais une fois élues, elles n’ont pas eu accès aux postes les plus prestigieux, en commissions par exemple, qui sont restés la chasse gardée de leurs camarades masculins.
Une femme première ministre
Poursuivons. Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait promis que si une femme avait les compétences et l’expérience, il la nommerait première ministre. Apparemment, aucune femme en France n’a donc ces compétences ? La portée symbolique de ce renoncement est violente.
La proposition de la secrétaire d’État Marlène Schiappa de permettre aux femmes au foyer qui élèvent leurs enfants d’obtenir un CAP en puériculture pour valoriser leur expérience, a de quoi choquer, car la femme est une fois de plus renvoyée à son rôle de mère élevant ses enfants.
Et enfin, concernant la PMA pour toutes, l’avis du Comité consultatif national d’éthique ne répond pas à toutes les questions, notamment celle de sa prise en charge par la sécurité sociale pour les couples lesbiens et les femmes seules, ou de la filiation automatique entre l’enfant et la mère sociale pour les couple lesbiens.
Le début du quinquennat Macron comporte quelques éléments encourageants, mais ils servent de façade pour masquer l’absence d’une réelle lutte contre les inégalités femme-homme. À chaque engagement pris correspond un renoncement ou une zone d’ombre. Quand ce n’est pas directement un abandon de la promesse.
Alice Renault
Membre du Parti socialiste
Photo : Le président Emmanuel Macron. / DR